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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
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Entendre l'autre | Entendre l'autre | ||||||||||||||||
Sources (*) : | |||||||||||||||||
Angeline Lafauchais - "L'invocation d'autrui", Ed : Galgal, 2007, Page créée le 13 décembre 2005 - |
[Entendre, c'est prendre pour soi ce qui vient de l'autre] |
Autres renvois : | |||||||||||||||
Derrida, l'audition |
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On ne peut pas séparer la voix de l'audition. Ce sont deux faces d'une même réalité. Entre elles, la continuité est évidente, mais la discontinuité aussi, car les règles de l'écoute ne sont pas celles de la parole. Imaginons l'infans dans la cavité maternelle. Quoiqu'il fasse, il entend. C'est pour lui un geste passif, primordial, et aussi une activité qu'il ressent comme auto-érotique. L'infans se perçoit comme sonore, cette faculté s'identifie à son être. Il lui faudra un certain temps pour se rendre compte que ces voix qui l'affectent, ces bruits, ce sont ceux des autres, et il ne l'acceptera jamais tout à fait. Il entendra sa propre voix comme il entend parler, au présent, et cette auto-écoute structurera son espace (vococentrisme). L'ouïe n'est pas un sens comme les autres. L'oreille n'ayant pas de paupières, l'arrivée du son est continue. Par elle passent les sonorités du monde qui seront internalisées, retenues, transmises ou transformées en goûts et couleurs. L'habitude est prise si tôt et si profondément que l'obéissance est presque automatique. C'est une sorte de drogue. Mon inspiration vient du dehors, mais je l'imagine venir de l'intérieur. Toutes sortes d'activités se font sur ce modèle, par exemple la lecture. Mais la continuité ne dure pas. Ce que j'entends finit par se distinguer de ce que je dis. Ces voix sont coupées de moi, elles viennent d'ailleurs, capricieuses, présentes ou absentes, audibles ou inaudibles, assimilables ou flottant autour de moi. Je suis divisé. Ce que j'entends n'est pas ce qui se dit, mais ce qu'un autre entend. D'où est-ce que ça vient? De ce monde ou d'un autre? Je m'interroge, je dresse l'oreille, mais le monde reste obscur. Je dois m'habituer à ne pas entendre. Soit je supporte le silence, soit j'invente toutes sortes de substituts : lettres, images, représentations, divinités.
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-------------- Propositions -------------- -L'ouïe est archaïque par origine et constitution -Touche-toi, et tu entendras mieux -Avant de se retirer comme la voix d'une standardiste une fois établie la connexion, une mère fait de son enfant un drogué incapable de s'abstenir de vouloir entendre -L'auto-écoute est un rapport direct entre l'audition et la phonation du sujet -La voix est embarrassante, elle affecte le corps comme un corps étranger -L'audition humaine est vococentriste : la présence d'une voix structure l'espace sonore qui la contient -Ainsi s'entend l'être : son propre -[Être, c'est s'entendre parler : "Je suis un être sonore"] -Garçon au gilet rouge (Paul Cézanne, 1890) -Tout son ignore les limites, et l'oreille n'a pas de paupières -A Patmos, St Jean l'Evangéliste, exilé, transcrit une voix absente (Diego Velasquez, 1619) -Pour lire, il faut accepter une certaine déformation incontrôlable de son corps et de son esprit -Une vaste oreille rouge engloutit notre regard -Ouïr (audire), écouter (obaudire), c'est obéir, et l'audition (audientia) est une obéissance (obaudientia) -Depuis que le son du monde a rompu avec la nature, il vient en trop -Ma voix, que j'entends, me dépasse -Une voix flotte au-dessus de nos têtes -Les voix muettes sont celles dont on ne se débarrasse jamais : on n'entend qu'elles -Un regard nous regarde dans la peinture, au-delà du tableau -L'ouïe est la porte de ce qui n'est pas de ce monde -Salomon fait du temple le centre universel de l'audition divine |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Angeline ProAudition AA.BBB FB_ProAudition Rang = MGenre = - |
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