Kant s'interroge sur le critère le plus commode pour classer les beaux-arts. Il choisit l'expression. Pourquoi? Parce que, pour communiquer leurs réflexions, leurs intuitions et leurs sensations, les hommes s'expriment par la parole en utilisant l'articulation (le mot), le geste et la modulation (le ton). Les trois espèces d'art seront donc l'art du langage, l'art de l'image et de la forme, et l'art du jeu des sensations.

- arts du langage : l'éloquence et la poésie. La poésie est au premier rang de tous les arts, car son origine est presque uniquement le génie. Ses formes ont une diversité sans limites. Elle renforce l'âme comme faculté libre, autonome et indépendante.

- arts de l'image et de la forme : l'intuition sensible privilégie la vérité (la plastique, qui regroupe la sculpture et l'architecture) ou l'apparence (peinture). Tous deux expriment des idées grâce à des configurations spatiales : la figure et la forme, qui permet de pénétrer dans le domaine des idées.

- art du beau jeu des sensations : musique et art des couleurs. On peut les considérer soit comme de simples impressions sensibles, soit comme l'effet d'un jugement sur le jeu (formel) de ces sensations, ce qui les situe soit comme simple plaisir, soit comme beaux-arts.

Jacques Derrida souligne cette primauté de la parole dans le classement kantien des Beaux-Arts. Cette primauté est elle-même fondée sur un privilège de l'ouïe par rapport aux autres sens.