1. Point-origine.
La métaphysique traditionnelle tend à situer l'origine en un point. Qu'il s'agisse d'une origine subjective comme le cogito cartésien (point-zéro de la pensée), ou encore le vécu de la phénoménologie (ce commencement absolu, présent à soi dans le même instant, indivisible et ponctuel), ou le moment rousseauiste de l'origine des langues, ce point privilégie toujours le présent, supposé produire le sens, la raison, la vérité, et aussi l'espace, pensé lui-même comme espacement du temps.
2. Point virtuel.
Mais pour expliquer que ce point soit aussi porteur de virtualités imprévisibles, voire dangereuses, il faut se dégager de cette conception présentiste. Quelle est la source du temps lui-même? un mouvement d'auto-affection où ce qui opère n'est pas une intention ni un vécu, mais cette différance énigmatique et impensable dans l'élément du même, où la présence est impossible. Là où se déclenche la dissémination (dans le texte), il est impossible de "faire" le point. Ou encore : si un point s'inscrit, c'est un point de non-réserve qui excède la logique, le sens, la vérité (comme chez Bataille).
3. Point de brouillage.
Là où les oppositions perdent de leur pertinence, on pourrait évoquer un point d'archi-plaisir, un point métaphorique où ni la trace, ni l'écriture n'arrêtent leur mouvement.
4. Point de création.
S'il est un point de l'origine radicale du sens, un point d'ancrage originel, c'est celui de la lettre (en ce point, dit Derrida, le Juif se situerait). Mais ce point n'est jamais présent à lui-même, il est imprononçable. Il faut, pour le prononcer, en passer par certains rituels (dont la circoncision).
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