Derrida
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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, l'art, l'oeuvre                     Derrida, l'art, l'oeuvre
Sources (*) : Derrida, auto - affection               Derrida, auto - affection
Jacques Derrida - "La vérité en peinture", Ed : Flammarion, 1978, pages 55 et 146

 

Robe du soir (Georges Barbier, 1922) -

Le sublime remue l'esprit

Le "plaisir désintéressé" produit par l'objet beau ou sublime est un "se-plaire-à" : une auto-affection purement subjective

Le sublime remue l'esprit
   
   
   
Derrida, le beau Derrida, le beau
Derrida, plaisir, jouissance               Derrida, plaisir, jouissance  
                       

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1.

Derrida commente la notion kantienne de plaisir désintéressé (uninteressirten Wohlgefallen), procuré par un jugement de goût, tel que définie dans la troisième Critique. De quoi s'agit-il? Pas d'une connaissance ni d'une satisfaction procurée par l'objet, mais du rapport du sujet à son affect. Le jugement ne se rapporte pas à l'objet, mais au sujet, à l'affect subjectif. Il est esthétique et non pas logique. Le plaire ainsi produit est indifférent à l'existence de l'objet. Le sujet affecté ne s'y intéresse pas comme tel, il en fait son deuil. Telle est l'énigme du beau : un plaisir libéré par une sorte de réduction transcendantale où la chose est réduite à rien, son existence ramenée à un pur jugement de goût.

 

2.

Un tel plaisir se livre dans la pureté de son essence. Il ne dépend plus d'aucune empiricité. Il neutralise, met à mort ou en crypte tout ce qui existe en tant qu'il existe. Il ne désigne rien de l'objet. Dans ce jugement subjectif, le sujet est, lui aussi, inexistant, mis à part le jugement qu'il émet : "ceci est beau". Je n'ai de complaisance ni pour moi-même, ni pour l'objet se dit-il. Je-me-plais-à, à quoi? à me plaire. Comme le dit Derrida : Je-me-plais-à-me-plaire-à, c'est une auto-affection dans laquelle l'affect s'affecte lui-même de lui-même.

Le tour de force du beau est qu'il sort de son dedans. Si je dis "elle est belle", c'est qu'il y a de l'objet, mais je ne peux pas jouir de l'objet, je ne peux pas non plus en dire quoi que ce soit de logique. L'objet est tout-autre, il est pure objectivité, il n'a d'existence que par mon affect : je-me-plais-à trouver qu'il est beau.

 

 

3.

La pure auto-affection qui m'affecte (en tant que sujet) est habitée par une hétéro-affection elle aussi radicale, irréductible, car l'objet beau reste dehors, il n'entre pas dans un rapport sujet-objet.

 


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