Il fut un temps où l'image était moins répandue. On n'en voyait peu, on la regardait, on essayait de la comprendre, elle faisait sens. Aujourd'hui l'image est partout. Nous ne perdons plus de temps à la regarder. Elle nous affecte directement. Le pathos s'étale dans les journaux. Son empreinte s'imprime sur les écrans et s'accumule dans les musées. Ce n'est plus nous qui la regardons, c'est elle qui nous regarde. Son regard insiste, il s'étale dans un présent perpétuel dont nous ne sommes plus que les débris.
L'art ne peut pas échapper à la fonction nouvelle de l'image. Il en est saturé : cris, lamentations, drames de la vie, des organes ou des sens. Vincent Van Gogh et Antonin Artaud triomphent post-mortem. Qui aurait imaginé à leur époque, quand on les considérait comme fous, qu'ils feraient un jour la loi?
Il faudrait relire l'avertissement de Greenberg, le prendre véritablement au sérieux. Que reste-il e l'image quand une compassion forcée s'empare des esprits?
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