- Bibliographie de Walter Benjamin.
Plus on s'éloigne du jour de son suicide (1940), plus s'étend la portée des écrits de Walter Benjamin, et plus s'élargissent les domaines dans lesquels il exerce une influence : philosophie du langage, histoire, politique, littérature, théorie de l'image.
Il a écrit, dans sa jeunesse, deux textes importants sur le langage et sur la traduction. Selon lui, l'humain est celui qui nomme les choses; et le traducteur ne vise rien d'autre qu'un langage pur. A cette visée, qu'il qualifiait déjà à cette époque (1916-1923) de prophétique ou de messianique, il n'a jamais renoncé. On la retrouve sur le visage de l'ange de l'histoire dont il a donné une description singulière peu avant sa mort, et dans ses célèbres et fascinantes Thèses sur l'histoire, qui condensent en peu de mots une profondeur incroyable.
Dans la pensée benjaminienne, l'image occupe une place toute particulière. Pourrait-il en émerger un jour une autre histoire de l'art? Probablement pas, car c'est le concept même d'histoire qui est décalé [ce qui rend désormais impossible une histoire de l'art au sens traditionnel]. En tous cas les quelques textes qu'il a consacrés à la reproduction et à l'aura laissent une trace ineffaçable. Depuis qu'elle est reproductible, l'oeuvre d'art est touchée en son unicité. Elle dépérit. Ceux qui la contemplent ne sont plus des individus, comme c'était le cas pour la peinture traditionnelle, mais des foules. Le culte qui leur est rendu ressemble à l'adoration que les masses ont pour elles-mêmes à travers les médias ou, pire, passe par l'esthétisation du fascisme ou de la guerre.
Dans l'image se cristallisent les mémoires et les désirs. A partir d'elle, on restitue le passé, on réveille l'histoire.
Toutes les boucles benjaminiennes reconduisent à un style de messianisme très particulier. Ouvrir une ère historique nouvelle, c'est en même temps se tourner vers le passé, agir dans le présent et libérer l'avenir.
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