On peut rapprocher le surréalisme de la révolution industrielle. Quand l'homme devient étranger au monde, quand la crise du concept humaniste de liberté devient patente, il faut ajouter à la révolte sociale une révolte qui touche les images et les mots. Par image, on entend les métaphores du langage, mais aussi les images visuelles, parmi lesquelles sont privilégiées celles qui touchent de plus près au réel (les photographies). Rosalind Krauss a qualifié d'espacement cette stratégie : il s'agit d'interposer des écarts et des suppléments, là où l'homogénéité menace.
Quand on libère les automatismes, n'importe quoi peut surgir, sans aucun souci du sens : du rêve, des hallucinations qui abolissent la distinction de l'imaginaire et du réel, des inventions qui ne ressemblent à rien de ce qui a déjà été inventé - et même de la peinture étalée, comme on le verre plus tard chez Pollock. Mais on peut se demander à quel type d'émancipation cela conduit. Peut-être seulement à celle de l'objet.
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