Le messianisme est un produit relativement tardif du judaïsme, repris par les chrétiens, par les laïcs et même par les athées. Qu'attend-on de l'avenir? Cette question, qui n'avait pas de sens dans les sociétés d'autrefois, est devenue la question première. On attend du nouveau. On en attend pour demain, pour aujourd'hui, et aussi pour chaque instant. A partir de lui, on réinterprète le présent et aussi le passé.
Le messianisme est apparu sur le terrain politique. Dans la bible, il est la conséquence de l'échec de Salomon, et n'est pas évoqué dans le Pentateuque, mais seulement dans le Livre des Rois, et par les prophètes les plus récents.
Selon son inspiration, on peut trouver du messianisme dans toutes sortes de phénomènes : une voix entendue, un baiser, une joie ressentie. Ce n'est pas un phénomène extérieur, mais un drame intensément vécu.
Il y a plusieurs sortes de messie. Le judaïsme distingue celui de David et celui de Joseph.
Le messie n'est jamais concret, positif. Il n'a que des précurseurs, comme Elie. C'est un espacement, un blanc. Qu'il vienne ou pas, il ne garantit rien.
Ceux qui se sont crus messie, comme Isaac Louria ou Abraham Aboulafia, annoncent autre chose que ce qu'ils croyaient. Dans son messianique, Derrida veut préserver cette incertitude.
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