Dans la rhétorique cicéronienne, le corps (geste, voix, expression et passion) participe de l'éloquence. Pour influencer, il faut émouvoir les autres et aussi soi-même, ce que la philosophie est incapable de faire par elle-même. Cicéron préfère un point de vue pragmatique : la force des effets prouve la vérité des principes. Comment prouver la vérité d'une démonstration, sinon par la croyance qui en résulte? Comment rendre compte du réel sans y être impliqué? Si Socrate est mort pour avoir manqué d'éloquence, comment se fait-il que les dialogues que Platon lui attribue soient si éloquents? Si Socrate a pu vaincre Gorgias (le rhéteur), n'est-ce pas grâce à l'éloquence qu'il critiquait? Le plaisir pris à la rhétorique n'est pas un simulacre, tandis que le savoir des philosophes n'est qu'une supposition qui dépend de notre croyance. L'effet de plaisir, comme signe de l'éloquence, signifie toujours ce à quoi il fait croire : l'éloquence, tandis que la philosophie peut être simulée. Au contraire du corps éloquent qui est toujours vrai, le corps-signe du philosophe est par définition un corps trompeur. L'un s'appuie sur des affections véritables; l'autre ne signifie jamais la sagesse avec certitude.