Ce qui se dérobe est inaccessible, aussi réfractaire au langage que la chair. C'est une chose qui se fait sentir par une gêne, un malaise, comme la Chose freudienne ou la Chose juive - mais je n'aime pas les majuscules, j'aimerais bien les éliminer. Quelque chose ne va pas. Pour se tranquilliser, on se dit qu'elle est ce qu'elle est, quelque part. On la laisse tranquille. Après tout, une chose n'est qu'un "truc", n'importe quoi, par exemple des vieux souliers.
Pauvre chose! dit-on d'une personne inutile ou étrange. On ne sait rien d'elle. Le peu qu'on pourrait en apprendre, ce serait par une oeuvre d'art, mais c'est incertain. La chose garde ses distances, sans s'en préoccuper. C'est à nous de l'accueillir, d'avoir confiance en elle, avant tout autre contrat.
Elle est ce qui reste quand on a rincé le signe jusqu'à l'os.
Naïvement, on essaie de la nommer, mais la voix reste au bord. Au mieux, elle l'enveloppe, au pire, elle la dérobe. Ceux qui affirment, comme Artaud, qu'on leur a volé la chose, n'ont pas tout à fait tort.
|