Derrida
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Le tout autre du principe de plaisir                     Le tout autre du principe de plaisir
Sources (*) : Oeuvre, différance, pulsion de mort               Oeuvre, différance, pulsion de mort
Sigmund Freud - "Essais de psychanalyse", Ed : Petite bibliothèque Payot, 1981, p59 - Au-delà du principe de plaisir

 

Hide and seek (James Tissot, 1877) -

Hide and Seek, de Jacques Joseph Tissot, dit James Tissot (1877) National Gallery of Art, Washington, D.C., USA

Dans le jeu du Fort/Da, le plus grand plaisir s'attache au retour de l'objet (Da), et pourtant l'enfant préfère la phase de disparition (Fort), qu'il maîtrise

   
   
   
                 
                       

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Dans sa recherche d'un Au-delà du principe de plaisir (texte publié en 1920) Freud choisit l'exemple de son petit-fils Ernst Wolfgang, dit Ernstl (un surnom qui le différencie de son oncle, le troisième fils de Freud. Plus tard Ernstl, devenu psychanalyste, reprendra le nom de jeune fille de sa mère Sophie, morte en 1920 de la grippe espagnole, en se faisant appeler Ernst W. Freud). La scène se situe en 1915. Le petit Ernst, dit Freud, a bon caractère. Il est généralement obéissant, mais il a l'habitude de jeter loin de lui, dans un coin de la pièce ou sous le lit, tous les petits objets dont il peut se saisir. En même temps, il émet avec une expression d'intérêt et de satisfaction un o-o-o-o prolongé qui signifie "parti" (Fort). Un jour, il dispose d'une bobine avec une ficelle attachée autour. Il peut prolonger son jeu en tirant la ficelle et saluant sa réapparition par un joyeux "voici" (Da). C'est le jeu complet.

Le départ de sa mère peut lui être indifférent, voire agréable, s'il arrive à le transformer en jeu. Il assume un rôle actif en mettant en scène sa disparition. Pourquoi ce jeu lui apporte-t-il du plaisir, alors qu'il s'agit d'un événement déplaisant? Il affirme son indépendance, Il assume une pulsion d'emprise en contrôlant ce départ, et en plus il se venge et satisfait une pulsion agressive. Il ne peut répéter une impression désagréable que parce qu'un gain de plaisir d'une autre sorte est lié à cette répétition. Quel gain? L'explication freudienne est double. D'une part, la capacité de lier les excitations procure un certain plaisir (maîtrise). Mais d'autre part, Freud fait l'hypothèse que cette répétition pourrait être liée à la pulsion de mort - cet autre principe indépendant du principe de plaisir, et plus originel que lui, qu'il retrouve aussi dans les névroses traumatiques (névroses de guerre), quand le malade ne cesse de se remémorer un souvenir désagréable. A noter que le père d'Ernstl, Max Halberstadt, qui a participé à la guerre en 1915/16, a été lui-même victime d'une telle névrose traumatique à la suite d'une blessure.

 

James Tissot - Cacher et trouver - Fort/Da - jeu - enfant

 

Freud rapproche ce comportement de l'enfant à celui de l'imitation artistique chez l'adulte.

 


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