La conscience est un surface magique refabriquée à chaque instant en fonction de sensations internes ou externes toujours recomposées.
Certains phénomènes de conscience se produisent en l'absence de tout moi, par exemple la constitution de l'idée d'espace. Ils s'appuient sur le fait que le système perception-conscience est lui-même une surface, sur laquelle une image se produit.
En s'appuyant sur la voix, la conscience se donne l'illusion de la présence. Puisque ma conscience a une voix, c'est que j'ai une certaine fixité, une stabilité. Pour maintenir cette stabilité, je dois me débarrasser de toutes sortes de traces qui la perturberaient, je dois éviter certaines différences qui n'y trouvent pas place. Ainsi se construisent les concepts et s'institutionnalise le logos.
On peut ainsi idolâtrer la voix, en faire un surmoi.
Les objets n'existent que par l'intention d'une conscience.
Il y a une histoire de la conscience. Elle n'est qu'une scène, l'effet d'autres semences, qui ne s'organise pas elle-même. Qu'on ait pu douter du moi dès l'émergence de l'individualisme (comme Goya en a montré l'exemple) laisse à penser que la conscience pourrait avoir une fin.
On peut imaginer Internet comme la vaste conscience d'un être immense, sans moi, dont chacun d'entre nous ne perçoit qu'une minuscule partie.
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