Il y a de l'origine et, à l'origine, c'est la voix (ou le verbe, ou le cri ou la langue ou le nom). Ce sentiment, souvent religieux, on peut le qualifier d'originaire lui-même. Pour un humain, l'origine semble parlante. La voix est porteuse de cette lourde question sur un mode plus interrogatif encore que le langage. Tout le savoir que nous en avons se confond avec un non-savoir.
A propos, comment naît la voix? Dans l'éclat du cri, le hurlement, la vocifération? Ou bien le chant, comme celui d'Orphée?
En vérité, on ne sait pas d'où vient la voix. Un jour, nous disons oui au langage, et il y a de la voix. Nous sommes, et déjà le lieu où nous sommes est devenu inconscient, et déjà la chose s'est effacée sous sa désignation. Alors commence l'ère de la grammaire. La voix devient grammaticale. On peut la décrire. Elle a des propriétés, des caractères, des attributs, des usages, des versants.
Elle s'est retirée, rompue. N'étant plus porteuse d'une révélation - sauf peut-être celle d'une absence d'origine, elle nous a laissés à sa pure présence.
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