Derrida
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De la science à l'oeuvre                     De la science à l'oeuvre
Sources (*) :              
Mahalia Heph - "Le bord de l'humain", Ed : Galgal, 2007, Page créée le 8 juin 2006

 

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[Par l'oeuvre, on peut rendre sa place à la science dans le discours et dans l'histoire]

   
   
   
                 
                       

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Rien ne peut arrêter la science. Dissociée de toute parole, de toute voix, elle est une écriture qui s'écrit toute seule, dans le plus total aveuglement. Pour elle, est objectif ce qui se mesure par l'observation, ce sur quoi nous pouvons opérer, ce qui nous donne la certitude d'accéder aux choses mêmes, à ce Grand Objet qu'elle croit réel mais qui n'est qu'un mythe. Le problème, c'est qu'elle ne peut pas savoir, par elle-même, que ce n'est qu'un mythe. Il faut pour cela qu'elle revienne sur sa tradition historique, sur son héritage. Se prenant elle-même pour la nature, elle concurrence à la fois Dieu et les hommes.

Mais après tout, la science, comme l'art, se sert de signes. Même si les ordres de réalité qu'elle explore sont différents (aussi différents que, par exemple, entre la science et la Cabale), le fonctionnement est comparable. Dans un cas comme dans l'autre, il n'y a pas de paradigme stable : les découvertes sont imprévisibles, il peut toujours venir quelqu'un pour proposer de nouvelles règles du jeu, aucun consensus d'experts n'est jamais définitif. L'art moderne, depuis le début du 20ème siècle, peut être lu comme une métaphore de la vision du monde que la science a répandue. A sa façon, il rend compte de ce parallélisme.

 

 

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Propositions

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La science est l'expression la plus dogmatique de la croyance dans le Grand Objet

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La science est le moyen le plus puissant qu'a trouvé l'homme pour faire concurrence à Dieu

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Les sciences de la nature s'intéressent au Quoi? (description) et renoncent au Comment? (explication) ainsi qu'à la recherche du principe premier

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Il n'y a pas en science de paradigme stable : il vient toujours quelqu'un pour proposer de nouvelles règles du jeu (paralogie); les découvertes sont imprévisibles

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De même que la science n'a pas d'autre preuve de vérité que le consensus des experts, c'est le peuple qui débat avec lui-même du légitime, du juste et l'injuste

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L'art occidental est une métaphore de la vision du monde que la science a répandue

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L'art moderne rend compte de la science, qui est irreprésentable

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Les sciences de la nature présupposent un axiome pratique d'unité de la nature qui prend la place de Dieu

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La science est une puissance aveugle qui finira par détruire tout écart symbolique

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Une langue scientifique bien faite serait privée de toute référence à une voix

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Comme la science, l'art met les signes des objets à la place des objets; il ne se distingue d'elle que par l'usage qu'il en fait

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La culture actuelle repose sur une dissociation entre le vocal et le scientifique

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Le 18ème siècle hérite des découvertes scientifiques du siècle précédent; il les généralise à d'autres domaines (droit, politique, religion, esthétique, morale)

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La Cabale fait émerger la connaissance d'ordres de réalité qui lui sont propres, en relation avec ceux qu'explore la science moderne

 


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