1. Dignité de l'autre.
Pour Kant, ce qui est digne de respect est l'humanité de l'humain comme telle, qu'il associe à la loi morale. Par rapport à cette thèse humaniste [qu'il ne rejette pas dans la pratique], Jacques Derrida opère une véritable révolution copernicienne. Ce qui, pour lui, est digne de respect, ce n'est pas l'humain comme tel, c'est l'autre. Quand il y a respect, qu'il s'agisse d'une loi ou d'une personne, c'est toujours l'"autre" qu'on respecte : son extériorité, son altérité infinie. Reconnaître la singularité de l'autre, c'est le laisser venir comme un tiers, c'est respecter sa loi.
2. Retenue.
Depuis toujours, on craint Dieu. On s'incline devant le sublime. Avant toute religion positive, une religiosité universelle nous intime de faire halte devant ce qui doit rester sain et sauf, nous pousse à la retenue, à la pudeur et au scrupule.
Respecter quelqu'un, c'est préserver son secret, sa honte, sa pudeur. C'est se tenir à distance. C'est une question d'espacement - de vision, de regard.
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