Avec ces deux personnages qui en sont à peine, ces figures dont les traits sont taillés à vastes coups de serpe, on est à l'aube de l'humain. Ils ressemblent à des pantins grecs : déterminés par leur nom, voués à un destin auquel ils ne peuvent échapper, ils n'ont jamais entendu prononcer ni le mot de loi, ni celui de liberté.

Et pourtant Caïn ne se défile pas. Quand il faut faire un sacrifice, donner à Dieu, il donne. S'il était si mauvais, aurait-il accepté de donner des fruits de son sol? L'interprétation traditionnelle le charge, elle lui attribue la faute. Il n'aurait pas sincèrement proposé une offrande, mais agi seulement pour être reconnu; il aurait été incapable de s'éloigner de lui-même. Mais alors pourquoi se sent-il tellement coupable? Pourquoi entend-il la voix d'ange, Bat Qol, qui lui demande où est son frère? Caïn, après tout, est celui qui a refusé le sacrifice animal. Il est plus moderne, plus humain qu'Abel. Après sa faute, il s'enfuiera, errera, construira des villes. Avec tous ses défauts, c'est lui qui a transmis l'héritage.

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Propositions

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