L'audiovisuel est, comme son nom l'indique, la forme privilégiée (mais loin d'être unique) de l'espace vocal. Ce terme audiovisuel, nous l'entendons dans un sens très large : cinéma, radio, télévision, médias, mais aussi télécommunications. L'ensemble, qui tend à fusionner, produit la parole publique et colonise la parole privée. Il va du téléphone à l'enveloppe protectrice, intégratrice et vorace de l'Internet. Sa crédibilité repose sur une notion de direct ou de temps réel qui n'est qu'un simulacre. En effet, même si la technique employée est la trace directe de l'objet, son empreinte, cet objet apparemment proche (par exemple une personne interviewée) n'est qu'une fabrication qui a déjà disparu. Le référent est remplacé par un flux, qui s'écoule selon ses propres lois.
Dans la relation inégale de l'audiovisuel, c'est l'audio qui domine. Le présentateur est un être parlant dépourvu de regard (il ne vise pas le spectateur, mais le prompteur). Une pure voix est audiovisuelle (par exemple la radio), mais une image complètement muette ne le serait pas, sauf comme tromperie ou lâcheté, à la façon des séquences No Comment d'Euronews.
Derrière la fausse platitude de l'écran, le point de fuite de la perspective se vocalise. Des pseudo-conversations ou de multiples voix enchevêtrées, détachées de leur source, se substituent à la voix organique. Le résultat n'est pas une communauté, mais un système complexe de relations.
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