Marcel Mauss explique dans son Essai sur le don que tous les actes rituels exécutés dans une société dite primitive, comme les danses, les chants, les cérémonies, les objets qu'on fabrique, échange et transmet, tout ce qu'on reçoit, les festins et même le respect, tout cela est cause d'émotion esthétique et non pas simplement le produit d'un ordre, d'une société ou des intérêts. De nombreux phénomènes sont organisés en tenant compte d'une finalité esthétique. Il en est ainsi du cinéma dans nos sociétés. Tout spectateur, même dans les situations les plus courantes, quelles que soient ses motivations, même quand le film n'a pas de prétention artistique, vit une expérience esthétique. Sa participation ne peut pas être réduite à un effet de système (objectif) ni à une jouissance, elle comporte une dimension (subjective) irréductible à l'instinct grégaire. Le film offre l'occasion d'expériences esthésiques, ludiques et imaginaires que les contraintes sociales ne suffisent pas à expliquer.

Le plafond de verre (Eloy de la Iglesia, 1971).