Dominique Chateau cite Stanley Cavell, pour qui le cinéma est "une succession de projections automatiques du monde". Le cinéma, où se projette le monde, devient à son tour une sorte d'écran où s'impriment les mythes qu'il réactive, recrée, emprunte ou invente. Sa forme de machine à rêve est l'image de la modernité. Il n'est pas seulement réaliste parce qu'il capte la réalité, mais surtout parce qu'il contribue à sa configuration.

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Il y a dans le cinéma une dimension de mimesis : le monde se reflète en lui. Ce qui se montre sur l'écran peut être perçu comme une imitation du monde. De quel monde? Un monde qui, lui-même, possède a priori les formes du cinéma, car c'est ainsi que nous l'appréhendons. Le processus paraît circulaire : si le monde ressemble à un film (ou peut se refléter dans un film), c'est parce que nous le regardons avec un regard de spectateur ou de cinéaste.

Nous avons tellement intériorisé la forme du cinéma que nous ne pouvons plus concevoir le monde autrement.