Derrida
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Jeannine Perpia - "L'amour de la chair", Ed : Galgal, 2007, Page créée le 12 octobre 1996

 

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Le fantasme colle le corps à la voix

   
   
   
                 
                       

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Dans le film de Lars Von Trier, “Breaking the Waves” (1996), la situation téléphonique est redoublée par une autre expérience de séparation de la voix infiniment plus tragique. Dans un premier temps, Jan téléphone à partir de la plate-forme pétrolière. Bess attend avec angoisse dans la cabine. C’est la scène téléphonique classique du cinéma : deux amants se parlent, leurs souffles communiquent. Puis l’histoire devient tragique. A la suite d’un accident, Jan est réduit à la position d’un homme-voix (tétraplégique). C’est une radicalisation de la situation téléphonique : impossible d’échanger autre chose que des voix. A la limite, Bess s’en contenterait, elle veut simplement qu’il vive. La voix de Jan comme représentante du corps et de la personne pourrait lui suffire. Mais lui ne s’en contente pas. Il veut continuer à vivre comme corps. Alors, elle décide de lui donner satisfaction. Mais comment faire? Comment recoller cette voix à un corps? En faisant avec son corps (à elle) son fantasme (à lui) réel. La situation téléphonique est hypostasiée. Ils feront l’amour par la voix en trempant cet amour dans des expériences qu’elle s’impose à elle-même. C’est pour elle un devoir quasiment religieux, la mise en acte d’une prière. Son effort surhumain réussit. Une sorte de décharge éléctrique (électro-choc) passe entre eux, à laquelle elle ne survivra pas, mais qui lui rendra la vie, à lui. Elle aura réussi, par son héroïsme et par l’usage bien compris du fantasme, à recoller le corps à la voix.

 

 

Dans la vie courante, la voix se détache du corps (il suffit de parler). Dans le fantasme, elle lui est accolée sous forme auditive ou écrite, comme un rébus. Les déformations qu'elle subit servent à la pétrifier. La voix ne peut pas se détacher, elle ne poursuit pas sa course autonome vers l'oreille d'un autre. On la garde pour soi : une sorte de miracle qui fixe au service de notre désir cet objet fuyant. Par comparaison avec la perte que nous subissons dans la vie courante, c'est un plus, une satisfaction, une aubaine. Grâce au cinéma, qui s'appuie sur le fantasme, la voix reste enfin collée à nos corps.

De même avec le téléphone portable : c'est comme si la voix de l'autre pouvait être gardée dans ma poche, accessible à tout moment (mais le téléphone est moins efficace que le fantasme : il faut encore que l'autre réponde).

 


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