Comment expliquer que Fra Angelico ait peint sous la Madone des Ombres de vastes pans non-figuratifs? L'iconologie telle qu'Erwin Panofsky l'a développée, fondée sur les postulats humanistes de l'histoire de l'art, ne permet pas de répondre à cette question. On peut même dire que c'est elle, l'histoire de l'art, qui a occulté ces panneaux auxquels elle ne comprend rien, c'est elle qui a instauré l'ordre du discours qui permet cet aveuglement. En s'arrêtant devant ces larges pans, en désirant leur rendre leur dignité, Didi-Huberman met en question le statut et les méthodes de l'histoire de l'art, sa façon de se servir des sources pour édicter des "clefs symboliques". Devant le pan, il faut mettre en question la représentation elle-même, et aussi l'histoire comme objet, l'historicité, le rapport de l'image au temps, et aussi les catégories de l'histoire de l'art, auxquelles il faut rendre leur plasticité (contre l'académisme).

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On trouve dans la moitié basse de cette oeuvre des motifs apparemment décoratifs, mais probablement mystiques, dont la fonction est analogue à celle des pans décrits par Georges Didi-Huberman.