Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

                     
                     
Mystère de l'Incarnation                     Mystère de l'Incarnation
Sources (*) : Georges Didi - Huberman               Georges Didi - Huberman
Georges Didi-Huberman - "Fra Angelico, Dissemblance et figuration", Ed : Flammarion, 1995, p57

 

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Annonciation, lieu du mystère

[Le mystère de l'Incarnation est l'enjeu suprême de la peinture chrétienne et son plus grand paradoxe : celui du Verbe incarné]

Annonciation, lieu du mystère
   
   
   
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Le mystère de l'Incarnation est le plus profond qui soit. Comment le Verbe de Dieu a-t-il pu se traduire par la fécondation de la Vierge? L'Evangile de Luc (seul Evangile à raconter cette histoire) présente l'Annonciation comme un échange purement verbal entre trois voix (Dieu, l'ange et la Vierge). Il ne contient aucun élément visuel, aucune description. La peinture chrétienne a voulu donner forme, figure et couleur à cet irreprésentable - pour des raisons théologiques et aussi parce que c'était pour elle une façon de s'affirmer face au judaïsme et au paganisme antiques. Il fallait pour cela supposer au divin une existence visible en la personne charnelle du Christ. Comment l'infigurable peut-il venir dans la figure? Comment l'ininscriptible peut-il s'inscrire dans le lieu? On ne peut pas répondre à cela par un simple récit relatant la vie passée de Jésus, car le divin n'a jamais cessé d'être présent. Il est là, chaque 25 mars, dans la vie religieuse et aussi dans la vie profane. Il faut lui donner une présence. Il faut faire d'une simple conversation, d'un dialogue où la Vierge répond à l'ange et le questionne, un passage mystérieux vers l'au-delà de la voix - qui est la chair.

Une hostie, surface blanche sans figure, est un signe, et aussi la présence de la chair christique. Dans l'eucharistie, une conjonction miraculeuse a lieu entre la figure et la chose, entre la présence et sa vérité. Un signe vivant qui ne représente rien, qui n'est pas figuratif, est une figure de la transsubstantiation. Selon saint Augustin, tout signe porte cette altérité, tout signe est un indice. Il donne trois exemples : une trace de pas, la fumée d'un feu et la voix (signe de l'âme). Tous trois sont non iconiques, non ressemblants. Ils sont indiciels. Ce sont des réceptacles, comme le jardin de l'Annonciation.

Pour qu'un Verbe s'incarne dans un corps, il faut blesser ce corps, le défigurer, en faire un symptôme d'une brèche qui n'affecte pas que le corps, mais la représentation même, la mimesis. Les limites tremblent. Lors de la crucifixion, le rouge du sang n'est pas peint, mais jeté sur l'image, dans un geste d'onction et de sanctification. Pourtant le corps de la Vierge reste intact. Son ventre reste clos, et même lorsque naît le corps du Christ, c'est à travers un hymen intouchable, intact lui aussi. La Vierge et le Christ se replient l'un dans l'autre.

 

 

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Propositions

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Dans l'Annonciation, la parole divine, au-delà de la voix, est la chair même

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Dans une Annonciation, trois voix différentes conversent entre elles : le Verbe divin (mystérieux), la voix de l'ange (médiatrice), la parole de la vierge (humaine)

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L'Annonciation élève l'idée de conversation au rapport mystérieux d'un verbe humain et du Verbe divin

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La peinture du Christ produit une plaie dans l'image : geste d'onction et de sanctification

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Le Christ souffrant est une blessure dans l'image (L'homme de douleur, Albrecht Dürer, 1509-1510)

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L'hymen de la Vierge est un mur, intact et infranchissable mais transfiguré, traversé par l'altérité

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La couleur jetée sur l'image du Christ en croix invoque le mystère de sa figurabilité

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Le jardin de l'Annonciation est le réceptacle (Khôra) des figures du mystère de l'Incarnation : il est la Vierge, le lieu de mémoire et virtuellement le Christ en tant que fleur

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Le mystère chrétien n'est pas infigurable, au contraire, il n'est que figurable

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Face au judaïsme biblique et au paganisme antique, le mystère de l'Incarnation a donné forme et originalité au monde chrétien des images

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[La peinture chrétienne n'imite pas l'aspect visible des choses, mais des figures mystérieuses, irreprésentables]

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L'incarnation chrétienne est une défiguration symptômatique du corps

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On ne peut figurer l'Incarnation sans une brèche dans la mimesis

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L'Annonciation et l'Incarnation produisent dans la peinture un effet de seuil, elles font trembler les limites spatiales

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Entre le Christ et la Vierge, se joue une logique du pli et du repli : il habite en elle et la recouvre

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Dans le temps chrétien, l'Annonciation est d'abord un instant : le 25 mars, qui est aussi la date de la Création, de la chute d'Adam, de l'Incarnation et de la Crucifixion

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Les vêtements de la Vierge sont rouges ou bleus par égard pour la dialectique du céleste et du terrestre que suppose le mystère de l'Incarnation

 


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