Il y a, entre la chair et la voix, une familiarité directement perceptible. C'est une question de sensibilité, d'émotion, et aussi d'ouverture à l'autre. Comme la voix, la chair est là, ici et maintenant, présente et proche, trop proche. Elle s'enroule sur elle-même. Elle est double, à la fois touchante et touchée. Sur elle adhèrent la parole comme le son. Elle se colle à nous, dans sa nudité. Elle est inséparable de notre respiration et de la vibration de nos corps.
Ni matière, ni esprit, ni substance, elle est un élément intermédiaire susceptible à chaque instant de se perdre dans l'angoisse. On peut dire que la voix est la chair de la chose, et aussi que la chair est la voix de la chose. Les Annonciations chrétiennes disent-elles autre chose?
Le charnel, comme la vocalité, envahit. Même les tableaux abstraits peuvent être charnels.
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