Un texte non lu n'existe pas. S'il vient à l'existence, c'est par le lecteur. Si l'on admet qu'aucun écrivain ne peut prévoir qui le lira - c'est-à-dire ne peut connaître à l'avance son ou ses destinataire(s), alors il faut admettre aussi que ce n'est pas l'écrivain qui crée le texte, mais ce futur destinataire inconnu. Le lecteur lira au présent de son temps un texte qu'il entendra comme s'il avait été prononcé le jour même.
Quand on lit un texte ou quand on regarde une image, on les invente, on les ouvre. Pour lire, il faut créer des écarts, désaturer la mémoire. Il faut se transformer, éviter de construire des connaissances fermées sur elles-mêmes, comme le fait l'historien d'art. Il faut procéder par montage, réordonner le texte en fonction de sa lecture. Quand la présentation est hypertextuelle (comme l'Orloeuvre), on ne peut pas faire autrement. Chaque point du texte est le point de départ d'un autre parcours.
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