- Saphira : Il y a le souffle de la voix et les autres souffles, qui tiennent au climat (tempêtes) ou à la force explosive (bombes). En général, nous nous référons au premier et nous l'associons à la parole, au désir, à la conscience, à l'inspiration ou à la vie. C'est le (e) muet de la langue française, celui qui, en ouvrant un espace vide, soutient la voix et porte la spiritualité.
- Athanasia : Sans articulation, sans héritage à transmettre, sans adresse, sans être entendu par une oreille, sans appel, sans promesse, ce souffle ne serait que pure vocalisation - une sorte d'âme réduite à sa présence à soi. il serait incapable de porter le langage. En le réduisant à cette dimension, c'est ton existence que tu risques. Le souffle est beau, mais il faut le préférer dans sa sépulture.
- Saphira : On peut distinguer entre les souffles, mais on ne peut pas les séparer. Le souffle de la voix est indissociable de l'autre souffle, celui dont Artaud se plaint d'avoir été dépouillé. Dans ce souffle-là, ce n'est pas la vie qui résonne, c'est le vide. Un être sans trace (comme Artaud) ne peut ni vivre, ni survivre. Il conjugue l'être et le désêtre.
- Juliette : Il y a aussi le dernier souffle, celui qu'on recueille par l'écrit, l'image, la poésie ou le souvenir. Celui-là laisse des traces, il appelle le désordre ultime.
- Saphira : Il y a aussi l'autre souffle, celui qui ne répète pas l'identique, celui qui fait surgir du nouveau. Ce souffle-là, dit-on, fait jouir Dieu.
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