Toute photographie n'est-elle pas silencieuse? Ne nous met-elle pas en demeure de nous taire, même si nous sommes aussi tentés de la commenter, de noyer son silence irrémédiable dans le verbiage d'un récit ou dans des explications qui ne peuvent que trahir son mutisme?

Une photographie lance un appel silencieux à une nomination qu'elle exclut. Il faudrait, comme dans le chef d'oeuvre analysé par Derrida (Droit de regards de Marie-Françoise Plissart), que rien ne soit prononcé, qu'aucune parole ne se dise présentement, même par une voix off. Alors, on pourrait voir, regarder la photographie comme telle [ce qui, en pratique, est impossible, car il y a toujours une forme de contexte ou de légende - ne serait-ce que le titre, le décor, la substance du papier, etc.].

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Selon Giorgio Agamben : la pensée est silencieuse. Elle suppose la mise en suspens de la voix (le sens implique l'omission de la voix). Selon Derrida, la pensée et la photographie sont comparables en ce sens qu'elles laissent place au jeu ouvert des associations ou des interprétations.