Au centre du portrait vient le trou noir d'une bouche à demi-ouverte, dirigée par une main onguleuse de chef d'orchestre. On retrouve quelque chose d'analogue dans le portrait Que Valerio Adami consacre à Hindemith, comme si le musicien chantait lui-même la musique qu'il dirigeait ou produisait les notes par sa propre puissance vocale. Boulez serait alors portraituré comme compositeur plutôt que comme chef d'orchestre. On le voit concentré sur sa tâche, s'efforçant de produire l'improduisible. Le dessin exhibe ce qui lui manque (en tant que dessin), c'est-à-dire la parole. On dirait qu'un de ses doigts se détache de sa main pour se confondre avec sa langue. Au centre du cercle vibratoire sont trois points : la bouche et deux yeux.