Pour Paul Valéry, l'européen est un Hamlet méditant, plein de doutes, devant les spectres de sa culture. Il regarde les vieux crânes qui symbolisent son héritage hétérogène (parmi lesquels celui de Leibniz, qui rêve de paix universelle). Que faire avec ça? Ces crânes entassés sont un édifice hétérogène, en voie de s'effondrer. La guerre est-elle inéluctable? Peut-être pas, si les pulsions agressives ne sont pas dirigées vers la destruction. La voix de la création est possible - bien que ce ne soit pas celle que l'Hamlet de Shakespeare a choisi.

Choisissant l'amour et la création, la paix est plus obscure et plus complexe que la guerre, aussi obscure que la fécondation et l'origine de la vie.

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L'étonnante implosion de l'art européen à partir de 1905 est due à une tentative du genre de celle que décrit Paul Valéry. Quelques artistes ont tenté de détourner l'énorme tension dans des voix pacifiques : cubisme, abstraction, constructivisme ou dadaisme. Mais l'art ne détourne que des forces minimes. La grande masse de l'énergie avait perdu ses attaches, il fallait qu'elle s'abatte : la guerre.