Une image est comme un texte, elle peut survivre, mais la particularité du cinéma, c'est qu'elle se présente aussi comme vivante. Elle est à la fois discursive et iconique. Le cinéma spectralise, il virtualise. Parlant du film D'ailleurs Derrida où il joue lui-même en tant qu'acteur, en disant Je suis un spectre, Derrida s'interroge sur le redoublement. "Comment filmer un spectre qui dit Je suis un spectre? Avec naturellement le côté un peu troublant, même sinistre, de la survie". Comment filmer le cinéma lui-même en tant que cinéma? Derrida mentionne Walter Benjamin : dès qu'il y a reproductibilité, l'autorité est ébranlée, l'authenticité est menacée. A partir du moment où elle reproductible, l'image est virtualisante (elle apparaît comme présente) et virtualisable (la technique peut la transformer, la recomposer, l'artificialiser).

Quand nous accordons un crédit à l'image, nous ne sommes plus devant la chose, mais dans une situation où la croyance, portée par la représentation, est de type religieux et fiduciaire.

On trouvera d'autres images d'Alison Scarpulla sur Flickr, en licence CC, à cette adresse.

L'image virtuelle est celle qui dit en même temps : "Je suis vivante" et "je suis morte". D'un côté nous savons que ce n'est qu'une reproduction, une trace d'une chose disparue. Mais d'un autre côté cette trace se présente comme vivante et peut être utilisée, manipulée, en fonction d'enjeux d'aujourd'hui. Tel est l'enjeu politique du virtuel, et aussi sa dangerosité.