Malgré les études érudites qui lui ont été consacrées, l'enjeu philosophique de la perspective reste souvent inaperçu. Les idées reçues et les préjugés l'emportent sur les exigences de la réflexion. Certes Michel Foucault décrit le système de la représentation à l'âge classique à partir des Ménines, de Velasquez; certes Lacan affirme que le sujet de désir se repère comme tel dans le tableau, mais ces préliminaires, en France, sont restés sans lendemain. La perspective donne généralement lieu à des platitudes ou à des contresens. On a tendance, depuis le 16ème siècle, à la réduire à un simple procédé graphique, ce qui laisse entière la question de sa place dans l'ordre sémiotique. Elle a précédé d'un ou deux siècles ce qu'on allait appeler la "mathématisation galiléenne de la nature".

La position de la perspective est paradoxale. On ne peut la réduire ni à un humanisme, ni à une technique, ni à une norme, ni à une idéologie. Elle a fait l'objet d'un travail de pensée révélé par Panofsky, qu'on ne peut dénier, mais son célèbre texte peut être aujourd'hui considéré comme une sorte d'obstacle épistémologique à l'avancée de l'histoire de l'art.

Le paradigme perspectif appelle à un effort de conceptualisation qui préludera à sa relève dans l'ordre mathématique.