Socrate défend son propre cas devant les juges. Sans doute ne peut-il pas être aussi persuasif que les orateurs. Son langage n'est pas "élégamment tourné", mais il a foi en la justice, contrairement à ses accusateurs, qui (selon lui) répandent des faussetés. Ces accusateurs sont anonymes, ils ne répondent pas personnellement de ce qu'ils avancent.

Socrate, lui, dit la vérité, car il y a en lui la sagesse - il est le plus sage des hommes, comme l'a confirmé l'oracle de Delphes. Et pourquoi? Parce qu'il sait qu'il ne sait pas. Le plus sage a reconnu qu'il ne valait absolument rien sous le rapport de la sagesse. Ceux qui font mine de savoir, en réalité, ne savent rien. La pire ignorance, c'est de s'imaginer savoir ce qu'on ne sait pas. En disant cela, il se rend odieux, ce qui est la preuve qu'il dit la vérité. Ceux qui lui en veulent lui reprochent de philosopher, c'est-à-dire d'être à sa place, une place à laquelle il lui est impossible de renoncer : celle du père ou du frère aîné, poussé par une voix qui le pousse à défendre la loi et la justice, mais sans passer à l'action ni faire de la politique.

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La vérité est ici située du côté de l'éloquence, de la sophistique, ce qui n'est pas toujours le cas chez Platon. Quand on s'adresse à une foule, on vise une vérité qui est celle de l'opinion, tandis que quand on s'adresse à une seule voix, on cherche la vraie vérité.