Dans La perspective comme forme symbolique, Panofsky a soutenu que la perspective curviligne rendait mieux compte de la vision humaine que la perspective linéaire, car l'image qui se forme au fond de l'oeil est concave. Si, dans l'Antiquité, on a souvent remplacé le point de fuite par un "axe de fuite" (ou, pour le dire de façon imagée, une "arête de poisson"), ç'aurait été pour se rapprocher de la perspective curviligne, selon la logique que résume le schéma ci-contre.

L'exigence de Panofsky est absurde. La perspective linéaire étant fondée sur une projection plane, n'a pas à épouser la forme concave de l'oeil. Il faudrait (dans cette hypothèse) que l'image peinte soit présentée renversée, à l'instar de l'image rétinienne. Ce qui est donné à la perception est l'objet, pas l'image qui se forme au fond de l'oeil.

La naïveté de Panofsky sur ce point renvoie à la prétention de son temps de tout ramener à la psychologie. C'est celle de toute une époque - mais elle ne frappe de nullité que ses développements préliminaires, pas le coeur de sa thèse.