Par sa première expérience, Brunelleschi illustre ce double aspect de la perspective. C'est un procédé pratique, ingénieux. A ceux qui ne croieraient pas en la vérité de la représentation perspective, il suffit de prendre un miroir et de regarder (monstration). Le miroir est tenu à bout de bras [comme le panneau dont nous voyons ici l'envers]. L'expérience est gestuelle, spectaculaire. Elle démontre la perspective. Chacun à son tour, un par un, peut la répéter, la dupliquer indéfiniment, à son gré, pour son compte propre. Il suffit d'oublier son regard singulier et de le remplacer par l'appareil de vision qui nous est proposé. Chacun peut témoigner de la véracité de l'expérience (comme Van Eyck témoignait du mariage des Arnolfini, à peu près à la même époque). Mais alors on oublie aussi qu'une vision en remplace une autre, qu'un appareil de vision vient à la place de ce que Lacan a appelé voyure ou visuel : le regard désirant.

Dans cette présentation, on peut voir autour du bâtiment la zone argentée disposée par Brunelleschi pour que le ciel puisse s'y refléter. Un trou est ménagé dans la porte du baptistère, par où l'oeil unique du sujet observe l'image inversée du bâtiment.