(Ouzza : Le lecteur qui circule dans l'Orloeuvre risque fort de "tomber" sur un récit bâclé, une page à moitié vide, une proposition aussi vague qu'incompréhensible ou un texte bancal. Il faut bien reconnaître que c'est honteux pour les Orloviens - car livrer ainsi à la lecture publique de simples notes, des brouillons ou les germes approximatifs d'un texte futur est un marque d'irrespect pour soi-même et pour le lecteur. C'est l'indice d'un laisser-aller qu'aucun éditeur sérieux n'aurait laissé passer, un comportement injustifiable pour qui livre des textes à la lecture publique; mais soyons clairs, on ne peut pas faire autrement. Sans ces défaillances et ces moments d'incertitude, ce que nous faisons n'aurait aucune valeur).

- Jean-Yves : On ne sait jamais dans quoi on va se lancer. Au début de chaque page, on est comme Louis Soutter qui trempait ses doigts dans la peinture et se penchait, tout nu, sur la feuille qui allait se transformer devant lui.

- Eglantine : A quoi pourrait ressembler une oeuvre fermée?

- Malavika : Il n'y aurait pas la moindre ambiguité. Tout le monde saurait ce qu'elle veut dire et tout le monde serait d'acord. On serait capable d'en expliquer et d'en épuiser toutes les significations, passées, présentes ou à venir. Son existence serait finie avant même d'avoir commencé.

(Ouzza : C'est une question qui s'est posée dès le départ. Comment empêcher qu'une page se fige, qu'elle devienne définitive et porteuse d'une vérité établie?)

(Péronne : Ces deux mots, oeuvre ouverte, me semblaient faire de toute production un lieu de passage, une chose susceptible de laisser sa place, à tout instant, à n'importe quelle autre chose. Je savais que cette position extrême n'était pas vraiment faite pour être soutenue, mais je savais aussi qu'elle devait rester là, à l'horizon).

- Malavika : L'oeuvre en elle-même n'est rien. C'est l'interprétation qui la transfigure.

- Achille : Vous m'inquiétez, je crains que vous ne soyiez en train de chuter dans une nouvelle dogmatique. Pourquoi rejeter a priori la fermeture de l'oeuvre? Pendant des siècles, des objets ont été conçus et fabriqués pour que leur signification soit connue de tous. Qu'on les appelle objets d'art ou de culte, on continue à les admirer aujourd'hui. Je me fiche de leur nom, qu'elles soient des choses, des produits ou des fabrications, si je les aime.

- Jean-Yves : Sauf que ceux qui les ont conçus et fabriqués, comme tu dis, en ont perdu le contrôle. Nul n'est propriétaire d'un sens, nul ne peut enfermer quoi que ce soit dans l'enfer d'une compréhension totale.

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Propositions

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