Il nous faut un garant, nous le désirons, nous l'appelons, nous ne pouvons pas nous passer de cette fonction qui, depuis la mort de dieu, semble vide. Dans le champ visuel, après l'abandon de toute construction légitime, la prolifération des images en tient lieu. On multiplie les écrans pour faire croire en une consistance imaginaire qui mime la stabilité. Internet remplace le garant par une interface, mais nous ne sommes pas dupes. Serions-nous réduits à un effet de flux?
Pour la psychanalyse, le garant est un père, un tiers. Pour Derrida, c'est un double, un simulacre de "je" qui intervient dès la première trace. Pour Heidegger, il faut prendre acte de ce que seul le néant, le rien peut occuper cette place - que les Idviens désignent sous le nom de neir. Ces postures reconnaissent que rien n'assure que le garant réponde. On s'accroche comme on peut.
La croyance qu'on peut trouver un garant en soi-même, dans le propre, n'est pas morte. Elle trouve sa pleine expression dans l'humanisme. L'art moderne s'est cru autonome, et l'art contemporain se présuppose autoréférentiel.
Il nous arrive de nous élancer, en l'absence de toute assurance, par l'écriture ou par l'oeuvre dans un messianisme dégagé de tout moralisme.
Une économie tend à rassurer contre toute menace, mais elle n'est pas à l'abri des crises ni des scènes de famille. On multiplie les principes rhétoriques, comme le principe de précaution.
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