Il y a différentes techniques de greffe : par fente, incrustation, en couronne, en écusson, par approche, etc... Supposons deux corps étrangers l'un à l'autre, mais suffisamment proches pour ne pas se rejeter. L'un d'entre eux (le greffon) est prélevé ailleurs, coupé de son environnement d'origine, préparé d'une certaine façon (par exemple, pour un végétal, taillé en pointe). Sur l'autre (le porte-greffe, dit aussi sujet), on pratique une incision ou une entaille. On y fait pénétrer le greffon qu'on maintient par une ligature. Si la soudure se produit, c'est qu'on a réussi.

Cette opération plutôt violente est pratiquée pour fabriquer des chimères qui ont quelque chose de plus par rapport aux corps de départ.

L'Orloeuvre ne procède pas autrement. Elle fait subir aux textes, images ou idées de départ un traitement préparatoire qui modifie leur forme (certains peuvent être choqués par ce traitement). Puis elle les greffe (des rapprochements qui peuvent paraître incongrus) et les ligature (il arrive que cette ligature ressemble au sacrifice d'Isaac). Le résultat? Un parasitage du texte qui engendre à l'infini les traits supplémentaires et les transformations. Mais ne nous y trompons pas, le corps de départ reste vierge. C'est autre chose qui se lit sur l'Internet. Certes, l'Orloeuvre se nourrit de son hôte, mais (en plus) elle invite à multiplier les greffons.

A la citation, avec ou sans guillemets, est associé le montage.

Certains trouveront que l'opération détruit le propre des corps des départ. Ils diront vrai. Mais que cherchons-nous? A garder les corps indemnes?