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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
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L'image audiovisuelle au service de la voix | L'image audiovisuelle au service de la voix | ||||||||||||||||
Sources (*) : | |||||||||||||||||
Régis Debray - "Vie et mort de l'image, une histoire du regard en Occident", Ed : Gallimard, 1992, p297 | La télévision met en équivalence spatiale et temporelle tous les points du monde |
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L'imprimé a inventé l'actualité au 18ème siècle (la gazette). Cette invention a été catalysée au 19ème siècle par l'alliance du télégraphe électrique et du quotidien populaire. Au 20ème siècle, elle a été puissamment renforcée par la radio-diffusion. Mais la télé-vidéo va plus loin : elle fait imploser l'actualité par contraction de temps naguère distincts (la chose se passe - elle est relatée - elle est diffusée). Le récit y perd son intelligibilité. La transmission hertzienne des images fait sauter les anciens relais. Elle fabrique l'événement en même temps que son information, inversant l'ordre : c'est l'information qui fait l'événement. Plus d'arrière ni d'avant, la circonférence est partout, et le centre du monde l'écran où je le vois. Nous sommes tous à égalité devant l'événement retransmis, à égalité devant le présentateur. La circonférence est partout, et le centre du monde l'écran où je te vois. Cette équivalence est la définition même de la télé-vision, qui est un système de vision dans lequel les distances spatiale et temporelle qui nous séparent de lévènement tendent vers zéro. Lévènement a lieu chez moi (en plein centre de mon salon); je le vis exactement à linstant où il se produit. Les deux dimensions a priori de la perception humaine, lespace et le temps, doivent être éliminées pour que la télévision soit vraiment télévisuelle. Toute médiation vis-à-vis de lévènement est vécue comme perturbation. A la limite, la télévision idéale serait totalement dépourvue déloignement et de décalage temporel. cf La télévision généralise le direct. Pour se rapprocher de cet objectif, on dispose de toutes sortes de matériels : correspondants sur les lieux ou équipes dépéchées sur place aussi vite que possible, téléphones, véhicules mobiles spécialement aménagés, relais, satellites, etc... Lefficacité technique de ce matériel ne fait aucun doute. Il ny a pas que le matériel, il y a aussi lorganisation. Car le fonctionnement de ce système exige une formidable motivation entretenue par un contexte de concurrence toujours renouvelé, et une organisation complexe de tous les instants. Techniquement, compte tenu du matériel sophistiqué disponible, une parfaite équivalence spatiale et temporelle ne serait pas hors datteinte. Mais la distance supprimée revient sous dautres formes et notamment par le biais de la technique elle-même. Cest le côté pervers du système : pour que lévènement soit suivi par le spectateur sans aucune distance, il faut que cet évènement prenne une certaine forme quon nhésite pas à fabriquer, si nécessaire. Ce quon montre alors nest plus lévènement, mais un pur produit télévisuel fabriqué dans les normes nécessaires à sa diffusion. Les spécialistes du direct sont aussi des fabriquants de direct : et le monde entier finit par se proposer aux regards sous la forme exigée par ces spécialistes, qui nest autre que la forme télévisuelle elle-même. Sous cet angle, le cas de la guerre du Golfe est évidemment caricatural : la guerre la plus médiatisée en direct est celle dont personne na rien vu, pas même quelques bonnes photos de reporter comme on savait déjà en faire pendant la guerre de 1870. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Debray EVocalAudiovisuel LE.LLE Q.equivalence Rang = PGenre = - |
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