La performance apparaît aux Etats-Unis dès 1933 à Black Mountain (Caroline du Nord), mais elle n'émergera comme moyen d'expression artistique reconnu qu'une quarantaine d'années plus tard, quand triomphera l'art conceptuel, à une époque où l'art conceptuel défend l'opinion selon laquelle un art où l'idée prévaut sur le produit est supérieur à un art marchand, car l'idée ne peut être ni achetée, ni vendue.

Dès les années 1945, au-delà des provocations dadaïstes ou futuristes qui avaient marqué la performance européenne, certains artistes américains l'avaient acceptée. Mais il se passe dans les années 70 quelque chose de nouveau : la reconnaissance devient médiatique et institutionnelle. Les festivals, les espaces et les magazines spécialisés se multiplient. Le mot performance change de sens. De plus en plus théatrale, de plus en plus formatée par les media, de plus en plus proche du cabaret ou du show télévisé, devenue à la mode comme "loisir d'avant-garde", la "nouvelle performance" multimedia est structurée, narrative, polie et écrite à l'avance - plus aucun rapport avec la performance issue du futurisme et des expérimentations de John Cage.

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A noter que Paul Marguerite, le mime décrit par Mallarmé dans Mimiques peut déjà être considéré comme un performer, et beaucoup d'autres avant depuis la Renaissance, de Léonard de Vinci au Bernin, en passant la Vierge de St Sixte de Raphaël.

On parle ici de reconnaissance en tant que style ayant une place officielle dans l'histoire de l'art, car les milieux artistiques ont "reconnu" la performance depuis longtemps : Jarry (1896 avec Ubu Roi), Apollinaire (il écrit en 1903 sa pièce Les Mamelles de Tirésias) et les surréalistes en France (à partir de 1917), les futuristes en Italie (à partir de 1909), les constructivistes en Russie (1913), les dadaistes en Allemagne et en Suisse (1916). Il est vrai que cette reconnaissance visait autant la destruction de l'art que sa perpétuation.