- Bibliographie de Jacques Rancière.
Ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, professeur émérite en esthétique et politique au département de philosophie de l'Université de Paris VIII.
Avec la fin de l'ère de la mimesis commence un nouveau régime de l'art. Jacques Rancière récuse les termes de modernité et de post-modernité et l'appelle régime esthétique de l'art. On peut définir ce régime comme un partage du sensible fondée sur l'égalité de sujets qui ne sont plus définis par leur appartenance sociale. L'art est porteur d'une radicalité spécifique, intrinsèquement politique. Il institue un type de temps et d'espace spécifique qui déchire l'ordinaire de l'expérience. La scène sur laquelle il intervient n'est pas celle de la politique courante, mais celle d'une métapolitique ou d'une micropolitique, où des performances hétérogènes se traduisent les unes dans les autres. Quelles que soient ses formes de visibilité (art abstrait, figuratif ou contemporain), il se heurte à une antinomie : affirmer en même temps le propre de l'art, l'égalité de tous et le libre jeu esthétique.
Le véritable art critique est celui qui introduit de la séparation, du dissensus dans l'expérience ou le sensible. Ce n'est pas celui qui prétend dire le vrai ou émanciper. Quand l'art se proclame politique, il ne fait que répéter le consensus et multiplier les signes, en reproduisant le régime de visibilité qu'il dénonce.
Le récent tournant éthique tend à réduire toute appartenance à l'exercice des droits de l'homme. En exigeant des réponses absolues, au-delà du droit, il conduit à proposer (voire à imposer) de nouvelles normes.
Élève de Louis Althusser, il participe en 1965 à Lire le Capital avant de se démarquer de son maître. À la fin des années 1970, il anime avec d'autres jeunes intellectuels comme Joan Borell, Arlette Farge, Geneviève Fraisse, le collectif Révoltes Logiques qui remet en cause les représentations du social traditionnel. Il se penche sur l'émancipation ouvrière, les utopistes du XIXe siècle (notamment Étienne Cabet) et commence à voyager régulièrement aux États-Unis. De ce travail naîtra sa thèse d'État parue sous le titre : La nuit des prolétaires. Dans Le philosophe plébéien, il rassemble des écrits inédits de Louis Gabriel Gauny, ouvrier parquetier et philosophe. Au milieu des années 1980, il s'intéresse à un autre personnage peu conventionnel : Joseph Jacotot qui au début du XIXe siècle remit radicalement en cause les fondements de la pédagogie traditionnelle. Cette étude donnera lieu à une biographie philosophique : Le maître ignorant. Il s'intéresse ensuite à l'ambigüité du statut du discours historique dans Les noms de l'histoire. Puis il explore les liens entre esthétique et politique.
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