Selon Badiou, il y a trois âges du cinéma :

- un âge représentatif hollywoodien [mimesis],

- un âge moderne anti-narratif et anti-représentatif [anti-mimesis],

- un âge où nul paradigme discernable ne prescrit l'artisticité du cinéma [post-modernité].

Pour Rancière, ces "clairs paradigmes" rétrospectifs dissimulent les jeux de paradigmes opposés qui ont fait le dynamisme effectif de l'art du 2Oème siècle (art critique, art ludique, cinéma). Le basculement de l'esthétique dans l'éthique qui caractérise l'art actuel ne relève pas du postmoderne, mais d'une tension déjà présente dans le modernisme entre ses deux tendances opposées, l'autonomie de l'art et la promesse d'une communauté à venir. Ces deux tendances se manifestent dès que l'âge de la mimesis prend fin.

Le carnaval postmoderne n'est que l'écran de fumée qui cache la transformation du second modernisme en une éthique qui lie le propre de l'art non plus à une émancipation à venir, mais à la catastrophe immémoriale dont témoigne le discours vouant l'art à l'irreprésentable (p170).

Rancière récuse le concept de "post-moderne" car, selon lui, les tendances dites "post-modernes" étaient à l'oeuvre dès l'origine de la modernité. On trouve le même argument sous le titre de la duplicité de la modernité.