Les illustrations des bibles hébraïques ne sont pas chronologiques. Elles contiennent, comme les haggadot et les livres d'Esther, d'autres éléments qui révèlent les pensées de l'artiste ou du donateur : miniatures et décorations en pages de garde ou en fin de livre, ornements autour des premiers mots des livres bibliques, décorations micrographiques souvent exubérantes, animaux fantaisistes, guirlandes, entrelacs, planches décoratives sur des sujets variés (rituels, scènes bibliques, vie quotidienne), blasons, lions, loups, dragons, monstres, chimères, couronnes d'art, sceptres, etc... Parmi les thèmes messianiques : le prophète ou le messie lui-même, monté sur un âne, sonnant ou non du chofar, le roi victorieux, les justes, l'inventaire du sanctuaire, la verge d'Aaron ou Aaron allumant la menorah, le grand prêtre versant de l'huile dans des lampes, l'arbre de vie, la libération de l'esclavage d'Egypte, le temple, l'arche, les chérubins, des oiseaux, des objets de culte, des boîtes de parfum, David tuant Goliath, Salomon, etc...

Mais l'artiste juif ne succombe pas au charme de ces images. Elles évoquent pour lui la rédemption. Elles affirment avec insistance et obstination la certitude messianique. Le rêve deviendra réel. La floraison imaginaire n'a pas de valeur en soi, elle montre l'âpreté de l'attente, elle exalte l'espérance.

Le texte est révélé, il est la Loi, la parole de dieu, mais comment qualifier le hors-texte? Figurations, formes abstraites, intervalles, il est à la place du blanc des lettres de la tora : un hors-texte dans le texte. Il ne s'oppose pas au texte, il y ajoute une autre dimension, un mouvement par lequel le texte ne se limite pas à son dire. Ces illustrations ne sont jamais statiques ni muettes. Elles ne sont pas des idoles. Elles appellent l'interprétation.