Il n'y a pas de sujet absolu. Ce qui ressemble à un acquis de la post-modernité s'impose en réalité à nous depuis les origines de la modernité, depuis Descartes (et même avant lui). Le sujet est divisé, dissocié, etc... Plus la portée de la voix s'étend, et moins il trouve une parole sûre sur laquelle s'appuyer. Un sujet libre, du genre humaniste, existant dans l'évidence de la présence, n'y comptez pas. Il restera toujours un angle ou une dimension sous laquelle il se sera retiré - et il n'est pas exclu qu'il se retire tout à fait, nous laissant à un univers de machines.
Un sujet n'a pas de substance : il n'est qu'un effet de capitonnage, un point où le signifiant s'accroche à l'autre signifiant. Pour faire tenir la subjectivité, on multiplie les béquilles. L'ordre symbolique en est une (c'est la politique de l'autruiche).
Les béquilles sont innombrables, et l'art n'est pas la moindre. Ainsi l'oeuvre qui fait parler, mais ne vaut que si elle se détache du sujet. Entre le tableau classique qui codifiait les règles de la représentation, et l'effacement radical que poursuit parfois l'art contemporain, toutes les positions sont possibles, de la mystique la plus radicale à l'indifférence la plus absolue.
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