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Une longue tradition étaye l'affinité entre la chose et l'art. La Chose (avec un grand C) a un côté mystérieux, indicible, qui résonne avec le caractère indéfinissable de l'art. Entre fascination, sidération et facilité, nous en jouissons. Nous nous délectons de son éloignement, de son altérité. Inutile de la décrire, de la comprendre ou de l'interroger. Inutile de discourir. Voici l'oeuvre, elle se suffit à elle-même. De la pomme de Cézanne au prurit émotionnel de Van Gogh, le discours traditionnel de l'art s'est longtemps appuyé sur cette tradition mystique. Mais l'art-chose est autre chose. Il ne se nourrit pas de la représentation, mais de sa crise, sa négation, sa désagrégation, jusqu'à l'absurde et au dégoût, à l'incompréhension la plus radicale, celle qui ne laisse même plus de place à la question.
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Propositions
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- La chose que vous regardez [l'oeuvre] n'a que faire de mon discours et s'en passe fort bien
- Le référent est inépuisable : c'est la chose qui se tait, appelle et ne répond jamais; c'est l'autre, le signe de l'altérité absolue
- [The Pocket Size Tlingit Coffin] : Un modèle en art est fait pour disparaître; c'est une origine fictive, un référent fantasmatique, qui hante les copies qui en restent
- Dans la peinture de Cézanne, le tableau n'est spectacle de rien : il montre comment les choses se font choses et le monde monde
- A l'impressionnisme qui dissoud l'objet dans la sensation, Van Gogh oppose le réel émotionnel des choses
- [On parle de "crise de la représentation" quand la chose revient à la place du signe pour déloger celui-ci, ou le bousculer]
- Un art tout-autre ne se laisserait ni questionner, ni nommer, ni arraisonner, son énergie resterait inassimilable et absolument refoulée
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