La critique du nazisme et le deuil d'une certaine Allemagne passent pour Kiefer par le labyrinthe complexe de la gestation de son oeuvre. Ses livres (qui sont des exemplaires uniques, non reproductibles) ont un thème, une structure discursive. Ils sont fabriqués à partir de 1974 avec des photographies et des matériaux opaques qui font sens par leur présence et leur maniement physique. Le livre est le lieu (privé) où s'élaborent les pensées, les entrecroisements et les surdéterminations qui se retrouveront dans les tableaux de grande dimension (publics). Il y est question d'une connaissance disparue, oubliée, non transmise.

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Ici Kiefer rejoint des peintres juifs comme Rothko ou Newman. Il ne s'agit pas de symbolisme (représentation d'une idée par une image), mais de la mise en oeuvre directe de l'idée dans et par la matérialité même du tableau. Dans le cas du symbolisme, l'idée est verbalisable, tandis que dans le cas de Kiefer ou de Rothko, elle n'est pas articulable dans un discours. Il n'y a pas d'autre moyen de la dire que l'oeuvre. Cela montre qu'il peut y avoir de la pensée conceptuelle, quoiqu'indicible.

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Propositions

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