Anselm Kiefer n'illustre pas les mythes; il les convoque pour les confronter à l'histoire. Dans le cas de l'Allemagne, le mythe s'est effondré dans l'histoire. Il n'a pas été accompli, il a été pollué, violé. Après la catastrophe historique du nazisme, la rédemption par l'art n'est plus possible. Le deuil auquel l'artiste doit travailler n'est pas celui du nazisme, c'est celui de la culture (la culture allemande, mais aussi la culture européenne, de la plus archaïque à la plus raffinée).

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Cette thèse s'oppose frontalement à celles d'Heidegger ou d'Adorno, et même à l'espoir minimal de l'art humaniste. Pour Kiefer, l'art est encore possible, mais il ne faut en attendre aucun salut.