Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

                     
                     
Pas de poésie après Auschwitz                     Pas de poésie après Auschwitz
Sources (*) : CinéAnalyse : Sur la Shoah, deuil irréparable               CinéAnalyse : Sur la Shoah, deuil irréparable

 

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Proposition issue de la condensation de différents textes d'Adorno.

La poésie, arrêt du souffle

[Ecrire un poème après Auschwitz est barbare, car toute culture consécutive à Auschwitz n'est qu'un tas d'ordures]

La poésie, arrêt du souffle
   
   
   
                 
                       

 

Des artistes allemands, dont Anselm Kiefer, ont regardé cette question en face. Comment, pour un allemand, faire de l'art après Hitler, après que les nazis ont prétendu mettre l'art au service de leurs crimes? Nous donnons ci-dessus une formulation qui condense plusieurs textes d'Adorno (Textes de 1955 : Prismes et Dialectique négative). Auschwitz a prouvé irréfutablement l'échec de la culture allemande, européenne, occidentale, qui s'est disqualifiée et discréditée à jamais. Après Auschwitz et dans cette culture, il ne peut y avoir d'art que selon Auschwitz, en fonction d'Auschwitz. Aucune image ne peut faire écran ni masquer Auschwitz. Après le nazisme, tout langage est devenu inadéquat. Pour répondre à la barbarie, il faut rejeter la poésie traditionnelle.

C'est ainsi que Paul Celan a travaillé la langue allemande : un idiome maternel et criminel. Comme il l'explique dans Le Méridien, tout poème garde en mémoire une date (Exemple : la Fugue de mort n'est lisible qu'en rapport avec sa date, 1945). Tout poème d'aujourd'hui tend à se taire. Il se tient au bord de lui-même, marchant sur la tête, sous un ciel en abîme.

Auschwitz est l'aboutissement d'un parcours dont l'histoire de la philosophie ne peut pas se dissocier. De même qu'on ne peut plus écrire de la même façon, on ne peut plus philosopher de la même façon. Il n'est plus possible d'enchaîner, et pourtant, il faut enchaîner.

 

 

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Propositions

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Ce n'est pas Dieu qui est mort à Auschwitz, c'est l'homme

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Aujourd'hui, le poème montre une forte propension à se taire : marchant sur la tête, sous un ciel en abîme, il se tient au bord de lui-même

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[Le nouveau dans les poèmes qu'on écrit aujourd'hui, c'est peut-être la tentative de garder en mémoire telle date depuis laquelle on écrit]

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On ne peut pas enchaîner après Auschwitz, et pourtant il faut enchaîner, mais sans résultat spéculatif

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L'histoire de la philosophie est celle du devenir-prose du monde, de sa dépoétisation

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"Fugue de mort" (Todesfuge) (Paul Celan, 1945)

 


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