Dans l'usage courant, les signifiants sont arbitraires. Ils se séparent des signifiés. Les signes s'écartent des choses (coupure sémiotique) et s'organisent en une économie. Notre époque est celle où l'art résiste à cette organisation. On a parlé de nouvelle mimesis. Comme elle est instable et rythmique, je l'appelle respiration. En respirant, les signes résistent.
Depuis longtemps les signes ont remplacé les objets; les artistes les ont manipulés. Mais l'oeuvre est irréductible aux signes. Leur excès même détruit leur sens. Des courants entiers de l'art résistent à leur économie.
Le signe est porteur d'une énergie qui peut se transmettre directement à la parole ou à la main. C'est ce qui se produit dans l'art contemporain.
Avec le symbolisme, la voix s'était détachée du sens et rapprochée de l'âme. Désormais elle flotte. Le signe se reflète dans la chose et réciproquement.
Plus tard, peut-être, la révolution du cyberespace contribuera à réunifier les signes et les corps.
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