En 1789, on fait appel au passé en proclamant qu'il n'y a pas de modèle à imiter. Il faut se porter en avant de soi-même, comme Napoléon, pour entrer dans l'avenir. C'est le début du régime moderne d'historicité dans lequel :

- l'histoire est conçue comme processus qui n'advient plus dans le temps, mais à travers lui. Du passé, nous recevons un héritage à transmettre; mais ce n'est pas nous qui sommes propriétaires des chefs d'oeuvre du passé, c'est le temps lui-même. Les oeuvres sont en dépôt. Nous ne pouvons les détruire, car nous avons à les restituer aux générations suivantes.

- le passé est dépassé, il n'éclaire plus l'avenir. Aux leçons de l'histoire se substituent l'exigence de prévisions. C'est désormais l'avenir qui commande, un avenir qui sera différent du passé. Nous avons des obligations à l'égard du futur.

- l'historien est en quête de l'unique. Il renonce à l'exemplaire pour décrire ce qui ne se répète pas. Le passé se défait en se muant en singularités (ce que Montaigne avait déjà anticipé).

Le 20ème siècle a été plus futuriste que présentiste, parfois jusqu'à l'aveuglement. Avec la chute du mur de Berlin (9 novembre 1989), le présentisme a pris le dessus. Le passé et le futur sont tous deux devenus imprévisibles.