Depuis le milieu des années 80, Kiefer travaille le plomb dans ses tableaux, livres et sculptures, et aussi d'autres matériaux comme le béton, les cendres ou la paille. Il s'agit d'une présence "motivée", c'est-à-dire non représentative. Les objets fabriqués ou empruntés au monde naturel (comme la paille des cheveux de Margarete) sont indiciels, pesants, comme l'histoire. Ils fixent le spectateur au sol. Après Auschwitz, le désir de spiritualité dans l'art est mis à distance (surtout pour un artiste allemand). Il y a contradiction entre la quête d'un idéal et la tragédie de l'histoire. L'artiste constate non sans mélancolie le retrait du sens et l'effondrement du mythe et de l'aura de l'oeuvre.

On cherche, dans l'alchimie, à transformer le plomb en or. Kiefer fait souvent allusion à l'alchimie. Sa recherche aussi vise une transformation inhérente aux choses (p245). Avec le plomb, il prend ses distances par rapport au mode classique de représentation (p255). Il l'utilise pour l'effet physique et psychique que sa présence matérielle exerce. Le plomb met en présence d'une concrétion des idées et des sentiments.