La maxime de l'art moderne, Fais n'importe quoi, ne rencontre qu'une seule limite : A condition que cela reste de l'art. Cette double injonction définit l'art de notre époque. Il n'y a pas de limites à ta liberté si ce n'est les limites même de l'art, et celles-ci sont infranchissables parce qu'elles tiennent à son essence - qui est de faire n'importe quoi. "Fais n'importe quoi en art, mais fais-le en art seulement". Le modernisme a un désir irrépressible de légiférer. Il requiert que la condition de l'art est l'art, mais refuse d'avouer le caractère tautologique de cette re-quête. On en a donné de multiples interprétations, prétendant que c'était une quête. Mais la définition de l'art est toujours restée introuvable. Si l'art est un laboratoire où l'on teste l'essence de l'art, ce ne peut être une idée positive ou formelle, comme la planéité selon Greenberg, mais seulement une question posée dans des termes ontologiques (p125) : celle du readymade de Duchamp, qui ne veut rien voir ni savoir, qui réduit à l'absurde le formalisme greenbergien, et ne nous dit rien d'autre que : Un objet quelconque, absolument quelconque, est de l'art. Cet objet est contenu dans l'art, mais l'art n'est limité par aucun objet.

Cela rejoint la définition de l'art comme un double mouvement de différance et d'arrêt, si puissant qu'il finit toujours par balayer toute norme - académique ou autre.